
Ça y est, les baleines sont bien là ! Cette année encore nous serons nombreux à vouloir les voir de plus près, les apercevoir depuis l’Aremiti, entendre leur chant lors de plongées sous-marines et parfois, pour les plus chanceux, nager à leurs côtés et éprouver la majesté de ces animaux. Mais comment s’assurer que notre présence ne les gêne pas ?
La Polynésie, un refuge
De juillet à novembre chaque année, le Fenua accueille des baleines venues de l’Antarctique. Appartenant à l’espèce des baleines à bosse, c’est pour se reproduire qu’elles rejoignent les eaux tropicales plus chaudes durant l’hiver austral. Les spécimens que l’on peut observer dans nos archipels sont donc majoritairement des femelles et leurs petits. La Polynésie est une destination de choix pour ces mammifères : non seulement la température des eaux tropicales en hiver est idéale pour les premières semaines de vie du baleineau, mais les lagons et les baies de nos îles offrent un refuge idéal pour le nouveau-né et sa mère, plus vulnérables aux prédateurs – principalement les orques, mais parfois aussi les grands requins blancs.
Les eaux de la Polynésie offrent donc un sanctuaire aux baleines à bosse dans un moment de vulnérabilité. Voilà pourquoi le Code de l’Environnement a mis en place des lois qui protègent les cétacés (Art. LP. 2213-1-1 qui crée le Sanctuaire pour la protection et la sauvegarde des baleines et des autres mammifères marins en Polynésie française) et réglementent l’approche des mammifères marins (Art. A. 2213-1-4 à A. 2213-1-11) afin que les baies et lagons restent un refuge, et que les humains ne deviennent pas une menace pour ces animaux dont la présence dans les océans remonte, selon les historiens de l’évolution, à entre 5 et 12 millions d’années.
Les règles à respecter
Quel plaisir d’observer ces majestueux animaux de plus près, d’entendre la puissance de leur chant, de les voir bondir à plusieurs mètres de haut… Côtoyer les baleines à bosse est un rare privilège qui donne un sentiment de grande humilité face au monde animal et à ‘ĀI’A Mag nous sommes les premiers à aimer partir en sortie baleine. Cependant quelques règles de respect s’imposent.
Pour les embarcations à moteur, seuls les navires bénéficiant d’une autorisation peuvent s’approcher à moins de 300 m des baleines et doivent dans tous les cas rester à au minimum 100 m de l’animal. Dans cette zone d’observation, la vitesse est limitée à 3 nœuds et le moteur doit toujours être en marche. Le navire doit suivre une route parallèle à celle des baleines et globalement ne jamais gêner, couper, infléchir ou modifier leur trajectoire ; il doit les approcher par le côté et surtout ne jamais se placer au milieu d’un groupe ou entre une mère et son petit. Les plongeurs et nageurs ne doivent jamais approcher les animaux à moins de 15 m. Le capitaine de l’embarcation décide de la mise à l’eau aux côtés des animaux en fonction des comportements observés : de nombreuses associations de Polynésie délivrent aujourd’hui des formations pour les prestataires de sorties baleines.
L’océan en partage
Ces règles, qui s’appliquent aussi aux dauphins et aux globicéphales, assurent non seulement la sécurité des embarcations et des plongeurs, mais aussi celle des mammifères marins, trop souvent victimes d’accidents. Toute la Polynésie avait été choquée, en octobre dernier, par l’horrible accident qui avait arraché la mâchoire d’une jeune baleine et provoqué sa mort, non loin de la passe de Papeete. Les réseaux d’observation des associations comme Mata Tohora ou Oceania tournent déjà à plein régime pour relayer les informations concernant les cétacés dans nos eaux, comme pour cette baleine blessée par une hélice en mai dernier à Papeari.
L’océan n’est pas le “terrain de jeux” des humains. Il est l’habitat de milliers d’espèces animales, essentiel à la vie de la planète et à la nôtre. Respectons ces êtres vivants dont certains étaient là bien avant nous.