Pirogues électroniques : quand les DJs flottent sur le lagon…

HONU, DJ originaire de la Presqu’île de Tahiti, a lancé l’an dernier le concept des “Pirogues électroniques”, des événements de musique électronique sur l’eau qui allient good vibes et mix libre, inspiré par le lagon et la vue sur Moorea. Rencontre. 

Comment est née l’idée des pirogues électroniques ?

“J’ai toujours eu cet amour de la musique électro. Quand j’étais à Lyon, il y avait une scène électro très diverse, avec tous les styles, house, techno… De retour à Tahiti, j’ai ressenti le besoin de retrouver cette scène indépendante. Je voulais recréer un espace de mix libre et j’ai eu un coup de cœur pour ces maisons flottantes. Les pirogues électroniques étaient nées !”

Comment se passe une pirogue type ?

“Les pirogues ont lieu en journée. Il y a un cocktail offert avec la place et après les gens peuvent apporter de quoi boire et manger s’ils le souhaitent. Le fait que ce soit sur l’eau implique une attention particulière portée au matériel de mixage et une organisation différente de celle d’un événement sur terre puisqu’on utilise un groupe électrogène pour l’électricité. 

C’est moi qui organise, qui loue la pirogue, le matos, qui booke les DJs et m’occupe de la communication. Sur place, en plus de mixer, je veille aussi particulièrement à la sécurité, avec Charles, le capitaine, qui s’assure également de garantir la sûreté des gens. Mais ces pirogues réunissent une communauté très attentive au respect, à la bienveillance, aux good vibes et ça se sent sur place, tout le monde veille les uns sur les autres.”

Ça change quoi dans ton mix d’être sur l’eau ? 

“Le lieu est super inspirant. Déjà le fait de mixer en journée, avec la vue sur Moorea, le soleil, le fait d’être entouré d’eau : c’est vraiment une inspiration, une vibration différente d’un night club par exemple. La couleur du son change.

Chez les gens qui sont là, il y a un esprit enfantin qui ressort. On est plus seulement là à danser mais aussi à sauter dans l’eau, se pousser gentiment, flotter… c’est comme si on retrouvait nos jeux d’enfants et que le son guidait ces jeux. Le paysage est propice à une sorte de contemplation sonore : les gens sont coupés du monde à terre pendant une journée, ils vont juste s’asseoir sur les marches de la pirogue, le son derrière eux, les pieds dans l’eau et le regard perdu vers Moorea… avant de retourner taper du pied devant les enceintes !”

Quel est ton rapport à la mer dans ta vie et dans tes compos ?

“J’ai grandi à Taravao, l’océan fait partie de moi, de mon paysage, de mon histoire. Quand je suis chez moi, je peux mixer avec la vue sur l’océan. Même quand j’étais à Lyon, il y avait beaucoup d’activités sur les fleuves, les berges du Rhône et de la Saône, sur des péniches. J’adorais les soirées électro dans le ventre des péniches, où tu te retrouves sous la surface du fleuve.

Depuis que je suis revenue en Polynésie je fais beaucoup d’apnée et la musique m’aide à me concentrer, je me rejoue des sons dans ma tête pour me calmer.

Dans mes compositions, j’aime bien mixer des sons aquatiques aussi. J’ai déjà intégré le chant des baleines dans mes intros, avant d’envoyer la basse ; quand tu composes, chaque son du quotidien t’inspire. Parfois, en apnée, j’entends le bruit des perroquets qui grignotent le corail et je me dis que ça passerait bien dans un son…”

As-tu d’autres envies ou projets aquatiques pour le futur ? 

“Plein ! (Rires.) Le but des pirogues électroniques, c’est d’avoir créé un espace qui revient régulièrement, comme un mini-festival, dans lequel les gens s’identifient et vont retrouver la vibe et la communauté qu’ils aiment. À l’avenir, j’adorerais recréer ça sur d’autres espaces liés à l’océan comme des catamarans, des ferries ou même des lieux du port industriel qui rappellent la culture rave.”

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