
La Polynésie n’est pas épargnée par le sentiment de mal-être qui mine les âmes de certains d’entre nous en cette période moderne durant laquelle crises collectives et individuelles semblent sans cesse se succéder. L’association S.O.S. Suicide Polynésie française a été fondée en 2001 par deux élèves infirmiers et le docteur Stéphane Amadeo pour promouvoir la prévention des conduites suicidaires au Fenua via un parcours d’accueil direct et téléphonique, et des actions de sensibilisation et d’information. Son rôle n’a peut-être jamais été aussi crucial qu’aujourd’hui…
S.O.S. Suicide assure essentiellement la gestion de crise en garantissant un accueil direct et téléphonique aux personnes en crise suicidaire grâce à sa ligne téléphonique 444 767, ouverte 24 h/24 et 7 j/7, gratuite à partir d’un poste fixe. Au bout du fil, des bénévoles formés à l’écoute pour répondre aux situations les plus urgentes. Ces écoutants orientent ensuite vers des psychologues, des hypnothérapeutes, des pairs aidants et des thérapeutes corporels. Les subventions (CPS, ministère de la Santé) et dons dont elle bénéficie permettent une prise en charge par ces professionnels dans les 48 heures qui suivent l’appel. La variété des soins et prises en charge proposés s’efforce de répondre aux problématiques propres à chacun et de tisser du lien en vue de maintenir un accompagnement dans l’après-crise.
Des actions également inscrites dans la durée
Reconnue d’utilité publique en 2011, l’association propose aussi des groupes de soutien aux personnes endeuillées à la suite d’un suicide. Mais ses missions ne s’arrêtent pas là puisqu’elle réalise également des actions de sensibilisation et d’information visant à fournir à la population des éléments permettant la reconnaissance et la prise en charge des crises suicidaires tout en informant sur l’importance du rôle de sentinelle dans le cadre de la prévention du suicide. Ces interventions ont lieu dans les établissements scolaires et universitaires, les associations de jeunesse ainsi que les communautés religieuses et laïques de toutes les îles de Polynésie.
Elle organise en outre chaque année la Journée nationale de prévention du suicide le 5 février et la Journée mondiale de prévention du suicide le 10 septembre. Et collabore, enfin, activement, tout au long de l’année, avec les forces de l’ordre, les sapeurs-pompiers, le SAMU, le SMUR et les divers services concernés afin de toujours mieux prévenir et prendre en charge les passages à l’acte suicidaires.
Quelques chiffres sur le suicide au Fenua…
D’après les données les plus récentes, l’association reçoit chaque année environ 1 500 appels de détresse et traite plus de 300 tentatives de suicide. En 2023, 40 suicides ont abouti. En 2024, le nombre de tentatives suicidaires a enregistré une hausse de 16 % par rapport à l’année précédente avec un taux d’incidence des tentatives suicidaires de 144 pour 100 000 habitants. Cette tendance concerne tous les archipels sauf les Australes, où ces actes sont en recul.
On retient aussi que :
Au-delà de la hausse évoquée en début d’encadré, un autre phénomène nouveau et inquiétant se dessine : les tentatives de suicide observées chez les personnes âgées de plus de 70 ans. Les chiffres faisant état d’un élargissement de la tranche d’âge des sujets concernés, allant désormais de 7 à 85 ans au lieu de 8 à 60 ans précédemment, sont toutefois à mettre potentiellement en lien avec les effets de la lutte contre la stigmatisation des conduites suicidaires et des maladies mentales.