La Frat’, 45 ans de dévouement aux personnes handicapées

La Fraternité Chrétienne des Handicapés, plus connue sous l’abréviation de “la Frat’”, a fêté ses 45 ans d’existence le 10 octobre dernier. L’occasion pour sa présidente, Pauline Moua, de recevoir la médaille d’honneur de l’engagement ultramarin, remise au nom de l’État français.

Une équipe ouverte à tous les apprentissages

Il est dix heures en ce jeudi matin et, au centre Frat’ de Punaauia, l’ambiance est à la fête. Nous sommes sur les hauteurs du lycée Saint-Joseph, dans les pins, où les rires résonnent sous le soleil. Tous les jeunes du centre sont là, d’autres sont venus de la Mission – seuls manquent celles et ceux qui, notamment grâce à l’accompagnement associatif, peuvent suivre une scolarité classique. Créée en 1979, la Frat’ compte aujourd’hui quatre centres, dont deux dédiés aux enfants, et environ trois cents salariés : éducatrices, enseignantes, personnel médical et paramédical, agents administratifs… Dominique y travaille depuis 40 ans : “Je suis toujours en train d’apprendre. On est très bien formés, très régulièrement, grâce à Pauline qui a beaucoup œuvré pour la formation professionnelle des salariés. Auprès des enfants, j’apprends aussi tous les jours. C’est l’enfant qui t’apprend comment t’adapter à lui”. 

Engagés corps et âme

Après 30 ans de présidence de la Frat’, Pauline Moua reçoit sa médaille, honorée, humble, émue – émue surtout de la partager avec ses équipes et celles et ceux qu’elle appelle “ses enfants”. La mission de la Frat’ est devenue cruciale au niveau du Pays pour accompagner enfants et adultes handicapés, polyhandicapés ou surhandicapés. Des transports sont organisés depuis Tiarei et Papeari pour atteindre les familles de la Presqu’île ; sur demande médicale, certains jeunes viennent aussi des îles. “On associe les familles à tous nos projets”, explique Dominique. “Que ce soit pour les fêtes de Noël, la Saga ou pour des déplacements comme celui que nous avons fait aux Jeux Paralympiques.” Éducateur sportif, Tamaeva se donne corps et âme pour rendre le sport accessible aux jeunes de la Frat’ ; il organise également la Run Frat’, leur événement sportif solidaire, qui a permis cette année de financer le voyage de huit jeunes athlètes handisport aux Jeux de l’Avenir, en France.

Une mission irremplaçable

Grâce à son équipe médicale et paramédicale, dont une brigade mobile, la Frat’ a d’abord une mission médico-sociale : elle garantit l’accès aux soins et le soutien psychologique des jeunes et des familles. Ses trois enseignantes spécialisées contribuent à une mission éducative en dispensant l’enseignement directement dans les centres, pour les jeunes qui ne peuvent être accueillis dans les écoles. L’association organise aussi des actions de sensibilisation et de solidarité dans les établissements scolaires. Enfin, la Frat’ aide à l’insertion sociale des personnes handicapées. Elle offre aux jeunes un lieu de vie et d’échanges hors de la maison, accompagne la scolarisation ou la recherche d’emploi. Elle donne tout son sens, surtout, au mot de fraternité. J’observe, un peu à l’écart, cette fête pleine de joie et d’humanité où tous les âges, tous les corps, toutes les histoires de vie se rejoignent en toute humilité et ce que je ressens, c’est la force du mana polynésien.