
plus humaines en Polynésie
Alors que de plus en plus de faits divers sordides défraient la chronique et qu’une marche citoyenne contre la maltraitance sous toutes ses formes a été organisée en juin dernier par l’association SCATahiti avec la fondation Te Ti’aturi Nei, ‘Āi’a Mag a rencontré Véronique Thébeault, éducatrice canine diplômée d’État, pour nous éclairer sur la façon de garantir le bien-être de son chien grâce à l’éducation positive. Le but : faire évoluer les mentalités afin que Tahiti ne soit plus, pour nos compagnons à quatre pattes, « un enfer au paradis ».
Comment es-tu devenue éducatrice canine ?
« À l’origine, je suis infirmière. J’aime les gens, les humains, et je suis convaincue que c’est important puisqu’on ne s’occupe pas seulement d’un chien mais aussi de la relation entre lui et son humain. J’ai également été formatrice à l’école d’infirmières parce que j’aime transmettre mon savoir, ce qui est aussi primordial dans ce métier. En marge, je côtoyais les clubs canins, d’abord en tant qu’adhérente avec mes propres chiens, puis rapidement en tant que monitrice. J’ai par ailleurs créé un groupe de balade canine en Guadeloupe, été éleveuse de dogues argentins, fait famille d’accueil pour des chiens errants… bref, j’étais passionnée.
Quand, au moment du Covid, j’ai entamé une reconversion professionnelle, le métier d’éducateur canin m’a donc paru une évidence. Comme je voulais une formation de qualité et reconnue, j’ai décidé d’obtenir le diplôme d’État, c’est-à-dire le brevet professionnel ainsi que les monitorats de la Société centrale canine. »
On parle de plus en plus de l’éducation positive pour les enfants et même pour les animaux, mais qu’est-ce que c’est au juste ?
« En tant qu’infirmière avec une expérience en crèche, je savais que les recherches les plus récentes montrent qu’une éducation bienveillante, respectueuse et empathique permet au cerveau de l’enfant de se développer de manière optimale et qu’à l’inverse le stress, les violences verbales ou physiques peuvent altérer les capacités cognitives (mémoire, apprentissage, réflexion) et affectives (émotions, liens). C’était donc évident de conserver les mêmes valeurs avec les chiens. L’éducation canine positive est une technique d’éducation basée sur la motivation du chien à être récompensé ; on renforce le bon comportement et on ignore le mauvais. On n’utilise ni violence physique ou émotionnelle, ni peur, ni cris, ni intimidation, ni contrainte ou outils coercitifs d’aucune sorte comme les colliers étrangleurs. Le but est de veiller à garder un état émotionnel positif durant toutes les séances d’entraînement et dans la vie en général. En évitant au chien – et à son humain – le stress, et en respectant son intégrité physique et psychique, on optimise ses capacités d’apprentissage, de mémorisation, de réflexion et on renforce notre relation de confiance avec lui. Pour autant, ça ne signifie pas que tout lui est permis ou de distribuer des récompenses à gogo. »
Par rapport à une méthode dite « traditionnelle », où certains éducateurs canins prônent la domination du maître sur son chien, quels sont les bénéfices de l’éducation positive pour l’un et l’autre ?
« Une éducation basée sur le renforcement positif, qui encourage et récompense les comportements souhaitables, permet de réduire les comportements indésirables de ton chien (aboiements excessifs, destruction d’objets, agressivité, etc.). Si ton chien grogne parce que tu t’approches de sa gamelle, ce n’est pas pour te « dominer », c’est juste un comportement de survie. Si tu lui apprends que l’humain donne et ne prend pas, non seulement tu as résolu le problème, mais tu as aussi gagné sa confiance en devenant un éducateur et non « un dominant ». Par ailleurs, cette éducation positive encourage la socialisation précoce et continue des chiens. Les exposer le plus tôt possible à une variété d’humains, d’animaux et de situations leur permet d’acquérir un équilibre émotionnel et comportemental satisfaisant, leur donne confiance en eux et au final les rend moins stressés, plus enclins à apprendre et à prendre de bonnes décisions dans des situations nouvelles. »
Quelques conseils pour commencer ?
« Débuter l’éducation du chiot dès son plus jeune âge, même si un chien peut apprendre à tout âge ; il est plus facile d’éduquer que de rééduquer. Choisir un club canin où la pratique de l’éducation positive est une évidence et où la socialisation est une priorité. Ne pas attendre face à un problème de comportement : ça “ne passe pas tout seul en grandissant”. Et si les techniques utilisées par ton éducateur canin font peur ou mal à ton chien, changes-en. »
Pour plus d’infos
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