Congé paternité : où en est-on ?

En Polynésie, le droit du travail fixe pour les futures mères un congé maternité d’une durée de 6 semaines avant l’accouchement et 10 semaines après, soit 16 semaines au total. Ce congé protège la santé de la mère et du nourrisson avant et après l’accouchement, mais il donne aussi tout simplement le temps à l’exercice de la parentalité de se mettre en place. Pour l’autre parent, qui va élever son enfant avec la mère, l’arrivée de son enfant est considérée comme un “événement familial” donnant seulement lieu à un congé de… trois jours.

Le congé paternité en Polynésie et dans le monde

Depuis juin 2024, en Polynésie, les pères ou conjoints (partenaires pacsés) fonctionnaires bénéficient d’un congé de paternité et d’accueil de l’enfant d’une durée de 11 jours (16 en cas de naissances multiples) ; ils peuvent en outre demander un congé parental par tranches de 6 mois pour une durée maximale de 3 ans. 

 

En France, les pères et coparents salariés du secteur privé comme public ont l’obligation légale de prendre un congé de naissance de 3 jours à partir de la date de la naissance de l’enfant, suivi des 4 premiers jours de congé de paternité et d’accueil de l’enfant. Il reste ensuite aux salariés 21 jours à poser relevant de ce même congé, qu’ils peuvent choisir d’enchaîner ou de fractionner. 

 

Ailleurs en Europe c’est, comme souvent en matière d’avancée sociale, les pays scandinaves qui sont les champions du congé paternité : la Finlande accorde 7 mois aux jeunes papas, la Norvège 10 semaines suivies de 26 à se partager avec la maman et la Suède 480 jours à se partager au sein du couple… jusqu’aux 8 ans de l’enfant ! Ces congés à se partager constituent une véritable innovation sociale qui permet aux couples de se répartir au fur et à mesure les soins et les tâches liés à l’accueil de l’enfant dans le foyer ainsi que les contraintes de l’organisation permettant le retour de chacun d’eux à son emploi.

 

Des bénéfices pour les pères… mais pas que !

Les congés de paternité et d’accueil de l’enfant permettent d’abord aux pères de faire connaissance avec leur enfant sans cumuler les nuits à bercer le nouveau-né avec de pleines journées de travail, réduisant ainsi leur stress et leur épuisement. C’est aussi la santé des mères qui peut en bénéficier en leur accordant plus de repos et de récupération grâce à la présence de leur conjoint, favorisant notamment le temps qu’elles pourront accorder à leurs soins post-partum. En limitant les risques de burn-out parental, c’est donc au final la santé de l’enfant qui ne peut que bénéficier de la présence des deux parents au foyer durant ses premières semaines de vie.

À plus long terme, l’instauration d’un congé paternité pose les bases d’un investissement plus solide des pères dans les tâches du foyer et dans l’éducation des enfants. Comment s’investir, en effet, lorsqu’on est absent du matin au soir ? Cette inégalité est souvent perçue comme douloureuse par les jeunes papas, qui se voient obligés de poser des jours de congé traditionnels pour passer du temps avec leur enfant. 

 

Le congé paternité est également facteur de révolution économique au travail, notamment pour l’égalité homme-femme, mais pas seulement. “J’ai pu rester à la maison pendant 3 mois avec notre bébé pendant que ma femme redémarrait sa carrière”, nous confie un Français expatrié au Danemark, avant d’ajouter qu’ils sont à présent tout deux en télétravail partiel. Quand le “risque parentalité” est porté par les collaborateurs masculins comme féminins, les entreprises se voient forcées de développer des stratégies de ressources humaines en adéquation avec celle-ci : temps partiel, crèches d’entreprises, horaires de travail adaptés, télétravail… Ces aménagements, quand ils concernent tous les salariés, bénéficient à l’ensemble du monde du travail plutôt que de discriminer les collaboratrices féminines. Ce congé est donc un enjeu fort dans les démarches de responsabilité sociétale des entreprises (RSE). 

 

Sur le plan politique enfin, le président Macron avait voulu en 2024 faire de l’allongement du congé paternité un argument fort de son plan de “réarmement démographique”, dans une France dont le taux de natalité baisse. C’est le cas aussi en Polynésie et il y a fort à parier qu’un meilleur aménagement des conditions de travail pour les jeunes parents encouragerait les salariés polynésiens à faire plus d’enfants. Enfin, dans notre territoire où les naissances ont parfois lieu loin des foyers insulaires, ce congé permettrait aux pères de se déplacer à la maternité avec la mère même si elle se trouve sur une autre île.

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